Vers 1175 Pierre de Saint-Cloud achève
la rédaction des premiers chapitres du " Roman
de Renard". A cette époque, un voyageur note une
chapelle dédiée à Saint Eutrope et deux tombes
dans une prairie en contre-bas de la Latière. En 1199 Philippe
Auguste triomphe des Plantagenêt par la mort de Richard Cœur de Lion devant Chalus, et en 1205 il fait la conquête
des provinces de Touraine et d'Anjou aux dépens du Roi
d'Angleterre, Jean sans terre.
Au début du XIIIe, le pays cathare
englobe tout le Sud du Périgord, le long de la Dordogne
depuis Montfort aux confins du Quercy jusqu'à Mouleydier.
SIMON de MONTFORT est à la tête de la "croisade
des Albigeois" il reprend une à une les places fortes
cathares. Le 22 juillet 1209 lors du siège de Béziers,
ne pouvant différencier les catholiques des hérétiques
Arnaud Amaury ordonna "Tuez-les tous ! Dieu y reconnaîtra
les siens". Les croisés n'épargnant personne,
il s'ensuivit un massacre des 20 000 habitants
Ces redoutables guerriers ne résolvent
que le problème militaire. Aux problèmes de l'hérésie
s'ajoute celui des souffrances infligées à la population
et aux hommes d'églises. Les chefs de la hiérarchie
religieuse ne sont pas sans reproches, l'évêque de
Périgueux, Raymond de Castelnaud, est déposé
en 1210. Le roi ordonne à ses sénéchaux de
remettre de l'ordre dans les affaires de l'église. Louis
VIII, fils de Philippe Auguste reçoit une lettre
du clergé du Périgord sur les exactions commises.
En 1224, Louis VIII prend aux anglais
la Saintonge, l'Angoumois, le Limousin, le Périgord. Quelques
temps confisquées par Philippe Auguste, ces terres et celles
de la Guyenne sont en partie restituées par Saint Louis
à Henri II Plantagenêt en 1259. La Saintonge appartient
au roi d'Angleterre et Saint Aulaye dépend du royaume de
France par le Conté d'Angoumois
Saint Louis réorganise ses États et fortifie considérablement l'autorité royale.
Lors de la huitième et dernière croisade il meure
devant Carthage en 1270. Sa dépouille est rapatriée
en traversant la Double. Une chapelle érigée sur
un mamelon à Gardedeuil commémore une halte faite en cet endroit et
continue à garder le deuil du grand roi.
Philippe Le Bel accède au trône
de France en 1285. La monnaie d'or réapparaît : deniers
de Gênes, écus de France, ducats de Venise.
Avec la charte de 1288,
le Comte Pierre de Brémond accorde certaines immunités
aux habitants de Saint Aulaye. Le
Bourg devient un des éléments
moteurs de la région tout comme la bastide anglaise de Saint Barthélemy de Bellegarde.
En 1294 le Roi de France
confisque l'ensemble du Duché D'Aquitaine à son
vassal le roi d'Angleterre.
En 1305 la France se réconcilie
avec le saint siège, l'archevêque de Bordeaux, Bertrand
de Got devient Pape et s'installe en Avignon. Trois ans plus tard,
ce nouveau Pape, Clément V, rend visite au prieuré
attenant à l'église de Saint Aulaye (coté
Sud). En 1312, parce que ces caisses sont vides Philippe Le Bel
fait supprimé par Clément V, l'ordre des Templiers
et s'accapare leur fortune. L'espitalet
de Servanches appartient à l'ordre
de St Jean de Jérusalem.
A partir de 1337, les Aquitains se
divisent entre Français et Anglais au gré des alliances
de leurs suzerains. Vers la fin du XIVe, la région de Saint
Aulaye et de la Double est maltraité par les gens de guerre
car il est situé à la grande Frontière (Saintonge, Périgord, Angoumois, Guyenne).
S'ils ne périssent pas pendant les guerres de Cent Ans,
peu nombreux furent les survivants à la Grande Peste de
1347/1348 et celles de 1357/1362, 1369/1372, 1379/1380
En 1361 le Prince Noir s'établit à Angoulême.
En 1363 Édouard III d'Angleterre lui donne l'immense duché
de Guyenne, il se retrouve vassal du roi de France. Charles V
de Valois va s'empresser de se mêler des affaires de la
principauté en profitant du mécontentement de la
population.
En récompense de leur
louable résistance Charles V accorde des privilèges
à Angoulême : élections d'un Maire, de 12
échevins et de 12 conseillers. Il supprime les tailles,
aides et impôts. En 1369, la plupart des places fortes se
soulèvent. La présence en Périgord de Du
Guesclin sert la France, mais en 1376 Ribérac tombe aux mains
des anglais.
Les troubadours se sont tus, les grands
édifices romans ont été édifiés
avant le conflit, la Double et le Périgord se dépeuplent
et plongent dans la misère et l'horreur. Les habitants
de Périgueux torturent et brûlent les lépreux
accusés de tous les maux. En 1392, Archambaud VI, comte
du Périgord, fait étouffé vingt paysans puis
assiège l'évêque à Plazac.
Excédé le roi Charles
VII lui écrit : <<Un bruit étrange et des
plaintes graves nous sont parvenus sur votre conduite, illustre
comte, nous avons appris que vous exercez d'odieuses violences
contre nos sujets. Il est notoire qu'en vous écartant ainsi
des exemples de vos aïeux, qui ont toujours montré
une inviolable fidélité à la couronne de
France, vous avez encouru notre colère et mérité
notre vengeance>>
Archambaud VI se réfugie à
Montignac, après deux mois de siège la ville tombe
en octobre 1397. Le Périgord est donné à
Charles d'Orléans. Le pouvoir du roi se renforce, Charles
VII essaie de donner au royaume un bon gouvernement, des finances
saines et une armée permanente. Aubeterre est prise par
les Anglais en 1412. En 1453 à la bataille de Castillon l'anglais
est bouté hors de France, la Guyenne est française.
Pour pallier au dépeuplement
de la région, les seigneurs font appel à des étrangers.
Les hameaux abandonnés revivent et prennent le nom de leur
nouveau possesseur "Los Auvernhas", "Los Biarnés".. Grâce
à la présence de sable et de combustible, les verreries
se développent dans la
Double. La première imprimerie s'installe
à Périgueux en 1498
Avec cette fin de XVe et le début
du XVIe, Saint Aulaye entre dans l'époque moderne, par
une première période de paix et de prospérité.
Octavien de Saint Gelais y est né
le 24 juin 1466. Après des études littéraires,
de droit puis de théologie il devînt évêque
d'Angoulême le 17 Août 1497 . Il se plaisait beaucoup
dans ces terres de Saint Aulaye en Angoumois.
Le Roi, Louis XII (1498-1515) établit
définitivement le pouvoir monarchique, réduisit
les tailles, améliora la justice, protégea le commerce
et les arts. Il mérita le surnom de "Père du
peuple". Les mottes militaires du haut Moyen Age se transforment
au fil du temps en mottes de justice. Le châtelain ou son
représentant le bailli ou le sénéchal, y
rend justice une fois par semaine. La juridiction de Saint Aulaye
couvre également les paroisses de Saint-Michel, le Bost, Chenaud, Puymangou et une partie de St
Vincent.
Les seigneurs du comté de St
Aulaye, désigné sous le nom de Châtellenie-de-Terre-à-Part,
ont droit de haute justice. Ils ont pu avoir "fourches patibulaires
à quatre piliers". Les condamnés sont conduits
à la prison du seigneur de Saint Aulaye à Cabouchère, avant d'être pendus aux potences situées
à quelques centaines de mètres de l'étang
de Marchebeau.
En 1514, le Comte d'Angoumois devient
roi de France sous le nom de François 1er
. . . . .
CREDITS
En Périgord,
comme dans tout le grand Sud-ouest, on en rajoute toujours
un peu. C'est ainsi que la grande histoire de Saint Aulaye est
un peu sublimée. Mais, cher Lecteur-internaute, quelle
belle histoire ! Si dans ce modeste texte tu estimes qu'il y a
quelques assertions, n'oublies pas que la réalité
dépasse souvent la fiction. Pour en être totalement
convaincu, viens donc nous rendre une petite visite.
Surtout n'hésites pas à contester ce texte, exprimes-toi en écrivant au Toilemestre
(en anglais : Webmaster)
Cette "grande
histoire de Saint Aulaye" trouve sa source dans les ouvrages
suivants :
Atlas historique
(Stock 1980)
Atlas de l'archéologie C.Sarre/Denis-Armand Canal (Larousse
1990)
Atlas du monde antique (Solar Paris 1993)
Bergerac, le grand Bernard des vins de France (Jacques Legrand 1989)
La Double du Périgord en Aquitaine (syndicat mixte de la
Double 1999)
Feuillets d'antan de Pierre Coulond (Imprimerie périgourdine
Périgueux 1969 )
L'identité de la France, espace et histoire, les hommes
et les choses. Fernand Braudel (Artaud 1986)
Le journal de Périgord : Vu de mon clocher (revue de mars
1994)
Histoire du Périgord de Gérard FAYOLLE (FANLAC 1985)
Le Périgord dans un sabot de Manuel Balaguer (EDITAUT 1990)
Saint Aulaye et son canton de Janine Faure (Alan Sutton 2001)
Sylva Edobola de Robert Tatin (MARS-APS 1980)