SAINT-AULAYE en |
SYLVA
EDOBOLA
La forêt de la Double
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César, dans ses commentaires, la nomma <<Sylva Edobola>>.
Un chroniqueur du VIIIe siècle la voit comme la forêt mange borne ( EDO :
manger et BOLA : borne, limite ) car elle empiète en Angoumois, en Bordelais,
en Périgord et en Saintonge. Les gallo-romains changent son nom pour
<<Saltus de Doblas>> (hauteur boisée et cultivée) et au XIIe
apparaît sur les cartes <<Dupla Duplum>>. Les doubleauds
l'appellent <<la DOBLA>> |
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<<Aux
premiers temps de l'époque historique, la forêt couvrait la Double actuelle
jusqu'à Chalais, vers le Nord, puis devait se limiter approximativement par
une ligne passant par l'Ouest, par Brossac, Barbezieux, Montendre, Montlieu,
Montguyon, revenait vers l'Est, au long et au Sud de la vallée de l'Isle et
de Mussidan, remontait à Vergt, puis Vesone, Beaulieu, Chancelade, jusqu'au
Sud Est de Ribérac>> (Dussolier) |
A partir du Xe siècle des communautés monastiques
s'installent tels que Sent Estefe de Poi Mangor , Sent Estefe d'Aiguranda. Au
XIIIe siècle, sous la poussée démographique et l'action des moines de
nouvelles paroisses s'établissent Sent Marton de Paracol, Sent Paul de
l'Esparron, Sent Michèu de la Clusa, Senta Maria d'Eschaurniac,... Après les
Guerres de Cent Ans, la double est dépeuplée. Vers la fin du XVe, les
seigneurs reçoivent à bras ouverts des "étrangers" et leurs donnent
des terres à faibles redevances, "vains cens". A l'origine,
Vanxains portait le nom de Avanscens ou A vans cens. (BALAGUER) |
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Dans cette Double, le
bois, le sable et la fougère royale (pour la soude) permirent le
développement de verreries. <<cette industrie, un instant florissante
sous le règne de Henri II (1547-1559), comme celles des fondeurs de cloches,
tomba de plus en plus en décadence à partir du règne de Henri IV (1589-1610),
pour disparaître définitivement avec l'Ancien régime. Bien que selon les
lettres patentes de Charles VII, nul ne doit exercer le dit art s'il n'est
noble, les maîtres verriers n'étaient que de pauvres artisans. Les
principales fabriques étaient dans la Double, situées à :
Saint-Michel-de-Double, Saint-Vincent, Servanches, Echourgnac, Eygurande,
Gardedeuil, La Jemaye, Menesplet, Saint-André, Saint-Antoine, Pizou,
Saint-Barthélémy, Saint-Christophe, Saint-Etienne, Puycorbier,
Saint-jean-d'Ataux, Saint-Martial-d'Artenset >> (Robert TATIN). |
A la fin du XVIIIe, la Double du
Périgord devient terre maudite, empoisonnée par les fièvres (la suette
milière, la tremblote). C'est à cette époque qu'a commencé <<le
déboisement de la forêt qui drainait les eaux, les absorbait, évitant leur
stagnation et, de ce dernier fait, évitait la multiplication des moustiques
et autres agents de la malaria>> (Dussolier). Le roman d'Eugène Leroy
"l'ennemie de la mort" se déroule pendant cette période et raconte
la vie d'un médecin du XIXe dans la Double du Périgord. |
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Le dernier sorcier doubleaud est mort au tout début du XXe siècle.
Avec les vieux doubleauds, ont également disparues <<les histoires
souvent effrayantes de la séculaire forêt; du loup-garou, de la ganipote, de la
chèvre blanche ou de la Dame Blanche>> (Robert Tatin)