LA CHARTE DE SAINT AULAYE EN PERIGORD
12 décembre 1288
( deuxième partie )

 

-3-

 

Qu'ils soient à jamais exempts, libres et dispensés (du paiement) des redevances en poules, à l'exception de celles qui sont versées à titre de rente.

De plus., nous voulons que ces hommes et leurs héritiers puissent, si cela leur convient, demeurer et résider dans cette bastide, soit dans leurs maisons, soit dans leurs playdures et, s'ils le veulent, qu'ils puissent y réparer des maisons ou en construire de nouvelles comme s'ils résidaient dans ladite bastide ainsi que nous venons de le dire.

(Nous voulons) que ceux-ci, comme nous l'avons dit plus haut, occupent ces lieux avec leurs animaux, que, dans leurs mainements, ils tiennent librement et pacifiquement les mêmes animaux et qu'ils jouissent et usent de toutes et chacune des susdites libertés, usages et coutumes sans conteste possible.

Qu'il soit permis à tous ces mêmes hommes, si cela leur plaît, de gurpir, donner, échanger ou vendre leurs maisons ou pleidures à qui ils voudront de telle façon que celui ou ceux à qui on les aura donnés, échangés ou vendus, y fassent résidence personnelle.

De plus, que ces hommes surpassent ou ne surpassent pas, tiennent ou ne tiennent pas ces maisons ou playdures, nous voulons qu'eux-mêmes et leurs héritiers soient tenus de payer à nous et à nos héritiers douze deniers de rente annuelle pour chaque playdure contenant six brasses en longueur et quatre brasses en largeur. S'il arrive que des playdures de ce type soient divisées entre plusieurs, ils ne seront pas tenus de payer pour chaque playdure, bien qu'elle soit divisée entre plusieurs, plus de douze deniers de cens.

En raison des libertés et concessions susdites, ces hommes et leurs héritiers seront tenus de payer, à nous et à nos héritiers, douze livres de revenu en monnaie courante et aux termes suivants - six livres à la Saint-Michel et six autres livres à la Noël, cela chaque année et à perpétuité.

Nous voulons aussi que, chaque fois que ces mêmes hommes et leurs héritiers en seront requis, ils se mettent en armes sous nos ordres et nous suivent afin de nous défendre contre quiconque, nous et nos héritiers ; cela sur notre terre et non au dehors.

Nous voulons qu'ils moulent leurs blés à notre moulin et non pas à un autre, cela aussi longtemps qu'ils pourront y moudre ; (tout cela étant accordé) sous réserve de tous nos autres droits, revenus, cens, anciennes redevances et autres choses dans lesquelles nous avons des intérêts.

 

-4-

 

Nous voulons que, dans les tenures et possessions mouvant de notre seigneurie, ces hommes, et leurs héritiers puissent à perpétuité faire et tenir librement et pacifiquement leurs bergeries et leurs parcs à quelques bestiaux que ce soit pourvu qu'ils fassent résidence dans ladite bastide, comme nous l'avons déjà dit.

Nous voulons qu'avec ces animaux et ces porcs ils usent librement, pacifiquement, tranquillement et à perpétuité de nos pâturages, herbages, landes et bois -sauf du bois de Lespaut-. Au cas où ces dits animaux ou porcs ne seraient pas la propriété de ces hommes mais où ils les tiendraient d'une autre personne à contrat de croît ou sous d'autres formes, nous voulons qu'ils puissent aussi user de nos bois, pâturages et herbages comme nous l'avons dit plus haut.

De même, ces hommes et leurs héritiers ne pourront se soustraire à notre pouvoir, qu'il s'agisse de faire résidence ou bien de faire la bastide de quelqu'un, que ce soit pour le Temple, pour l'Hôpital ou pour quelqu'autre prince, sauf au cas où il y aurait d'évidents préjudices de notre part.

Nous voulons aussi que ces hommes et leurs héritiers cuisent à jamais leur pain à notre four et non pas ailleurs.

Nous donc, hommes susdits, nous assurons que toutes les prescriptions précédentes sont vraies et que nous nous attacherons à les respecter toujours et à ne pas aller à leur encontre.

En outre, nous, chevaliers, avons eu et avons reçu de ces hommes, en raison de ces concessions et libertés, cent cinquante livres en monnaie chapotense et périgourdine, en pièces de bon aloi comptées et choisies.

Renonçant de ce fait, nous, chevaliers et nous, hommes de Sainte-Aulaye [les clauses juridiques qui suivent sont à peu près intraduisibles il s'agit de citations tronquées, extraites de recueils de droit romain. Il faudrait, pour les comprendre, rechercher tous ces textes, ce qui serait une entreprise démesurée.] ... et aux constitutions édictées ou devant être édictées sur la révocation licite ou illicite des donations, remises et quittances et de tous les autres droits annexes civils et canoniques écrits et non écrits.

Lesdits chevaliers nous exposèrent que ces hommes et leurs héritiers ne peuvent rien vendre ni donner des droits d'usage qu'ils ont sur nos forêts et sur le bois qu'elles contiennent, comme cela est dit plus haut. Cependant, comme cela est dit, pour ce qui est nécessaire à leurs maisons, à

 

 

-5 -

 

 

leurs parcs et à leurs bergeries" qu'ils usent de nos bois librement, à perpétuité et sans conteste -sauf pour Lespaut-

En témoin de ce nous, lesdits chevaliers et hommes susdits, avons fait écrire et publier cela de la main du tabellion soussigné et nous l'avons renforcé par, l'apposition des sceaux de noble seigneur le comte d'Angoulême, du vénérable abbé d'Aubeterre et des,nôtres.

Nous donc comte, par jugement spécial de notre curie, avons sommé les susdits chevaliers et hommes, désireux et consentants, de respecter et d'accomplir à jamais tout ce qui a été dit précédemment.

Fait à La Charrayria, le jeudi avant la fête du bienheureux Thomas apôtre, l'an du Seigneur mil deux cent quatre-vingt-huit, indiction seconde, la première année du pontificat de Nicolas III. En présence des témoins spécialement appelés et mandés pour cela : seigneur H. de Marolio, seigneur Itier de Pendriez, chevaliers ; G. de Luco, P. Reginaldi et G. de Percurso, clercs.

[seing manuel du notaire] Moi, Guillaume de Grasse Campo, clerc d'Aubeterre, tabellion apostolique, j'ai écrit de ma propre main cet instrument à la requête expresse de toutes les parties susdites, puis, à leur demande, je l'ai publié et signé de mon seing.

Réalisation

Jean-Michel Lagrenaudie

 

 

 

ya pas zizic
musique ancienne
    last update :
16 mai 2005